Chronimed et autisme : les ombres de l’expérimentation

Si les autorités de santé ont publiquement dénoncé l’approche Chronimed, il n’en est pas de même d’une institutions scientifique qui a pourtant consacré tout un dossier à l’autisme et qui a pris position par rapport à d’autres fake news : l’Inserm. L’on ne peut que constater son silence assourdissant face à cette affaire.
J’ai été étonnée de lire sur le site Web de l’INSERM, que « plusieurs expériences cliniques ont été rapportées, comme celle d’une amélioration significative de symptômes autistiques par un traitement antibiotique« . La citation originale, qu’on retrouve dans les archives du Web (2021), a été un légèrement reformulée depuis : « des recherches cliniques menées chez les personnes qui souffrent de TSA suggèrent qu’une amélioration de certains symptômes pourrait être obtenues après administration de traitements antibiotiques spécifiques« . Une telle déclaration est hautement problématique dans un contexte où 54 médecins de la mouvance Chronimed ont proposé des traitements expérimentaux sur une durée pouvant atteindre 4 ans, voire plus, à base d’antibiotiques combinés à des antifongiques et antiparasitaires pour guérir l’autisme en dehors de tout essai clinique autorisé.
J’ai réagi sur Twitter, mentionnant qu’ils n’avaient cité aucune source à l’appui de cette déclaration surprenante. Ils ont alors ajouté un lien vers une publication qui n’apporte aucune preuve car ils s’agit des données de suivi d’un essai clinique randomisé qui s’était en fait soldé par un échec. Les sujets autistes sous antibiotique n’avaient pas obtenu de meilleurs scores que ceux sous placebo !
L’antibiotique dont il est est question est la d-cyclosérine (séromycine). La cyclosérine est un antibiotique à large spectre initialement utilisé pour le traitement des tuberculoses multi-résistantes, mais qui présente « une toxicité non négligeable au niveau du système nerveux central et n’est plus utilisée » en France, sauf accès dérogatoire. La d-cyclosérine a été explorée dans en recherche clinique pour diverses applications thérapeutiques. De nombreuses sources de référence fiables répertorient ces deux dénominations comme synonymes (1).
L’objectif de l’étude était d’évaluer l’effet du médicament sur les capacités d’apprentissage, et non sur un hypothétique « guérison » de l’autisme. Le traitement a été donnée dans le contexte d’un entraînement aux habilités sociales. Il ne s’agissait pas non plus d’agir sur le microbiote intestinal, qui est le sujet de l’article de l’Inserm.
Sachant que des milliers d’enfants autistes ont reçu des traitements lourds et prolongés sur la base d’une pseudoscience, je pense que cette phrase, qui figure sur un site institutionnel, a une portée dommageable.
Le 23 janvier 2023, le journal Le Monde publie un article intitulé Inserm : la Cour des comptes appelle à une évolution radicale de l’institut de recherche qui nous informe que « si, dans les années 1980, 30 % des chercheurs statutaires Inserm avaient 1 formation médicale, ce taux n’a cessé de diminuer: […] 6,5 % en 2020. Une situation regrettable ».
(1)
pubchem.ncbi.nlm.nih.gov
drugs.com
wikipedia.org
fishersci.fr
go.drugbank.com
chemwatch.net
psychologyandbehavior.com
reptox.cnesst.gouv.qc.ca